L’appareil télégraphique
L’appareil comprend une partie, visible de loin, située sur le toit de la station et une autre à l’intérieur où travaillent les stationnaires.
Il se compose :
- d’un mât vertical de 4 toises : 7,79 m ;
- d’un bras : le régulateur de 4,60 m de long et de 35 cm de large. Il tourne sur lui-même autour d’un axe fixé au sommet du mât ;
- de deux indicateurs ou terminateurs, un à chaque extrémité du régulateur, de 2 m de long et 30 cm de large ; ils sont mobiles autour d’un axe (contrepoids pour assurer l'équilibre).
Les diverses positions du télégraphe installé sur le toit sont commandées de l’intérieur par les stationnaires à l’aide du manipulateur qui, grâce à des cordes et des poulies, transmet les mouvements au régulateur et aux indicateurs.
Les postes ont souvent deux pièces : dans l’une les stationnaires mangent et se reposent, dans l’autre, ils effectuent les diverses manipulations. Une cheminée ou un poêle y est installé mais la fumée est évacuée sur le côté du bâtiment pour ne pas gêner les transmissions.
L’architecture, au début, répond à la nécessité de faire rapidement du solide, sans considération esthétique. La majorité des postes sont de plan carré ou oblong ; plus tard, dans les années 1830, les postes sont des tours rondes.
Les lunettes astronomiques
Le télégraphe Chappe fonctionne par l’observation de signaux émis à grande distance. Les lunettes sont donc indispensables ; elles permettent d’espacer les postes et d’assurer une lecture fiable. Le télégraphe mis au point par Claude Chappe n’a pu être développé que grâce aux améliorations apportées, peu auparavant, aux lunettes. Même si Galilée, en 1609, a déjà perfectionné les premières lunettes terrestres et astronomiques, c’est à la fin du XVIIe siècle seulement que des savants comme Isaac Newton donnent les bases scientifiques de l’optique. L’anglais, John Dollond, perfectionne les lunettes terrestres en 1757, mais on ne peut les trouver qu’en Angleterre et elles coûtent cher.
Claude Chappe se sert de ces lunettes anglaises au départ ; puis sous la Révolution, le Comité de salut public fonde l’industrie française de lunettes pour le télégraphe. Des lunettes de plusieurs fabricants français sont utilisées dès la mise en service de la ligne de Lille en 1794.
Dans chaque poste, deux lunettes sont placées dans des boîtes fixes prévues à cet effet ; leur position et leur réglage sont calculés en fonction des postes correspondants à observer de telle manière que les stationnaires n’ont pas à y toucher pendant la transmission des signaux. Ces lunettes grossissent de 30 à 60 fois selon les besoins.
Les lunettes d’inspecteur sont utilisées pour surveiller les stationnaires ; plus petites et télescopiques, elles sont transportables et grossissent 30 fois.